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[Tribune] – Résistance, lutte ou révolution disent-ils ? (Par Ameth DIALLO)

Dès que nous prononçons ces paroles, nous devons automatiquement en choisir la forme (pacifique ou violente) qui nous inspire et être conséquent à la fin avec une stratégie mature et cohérente pour obtenir des résultats démocratiques.

Lorsque nous entendons certains leaders politiques prendre la parole, ils semblent choisir l’option de la violence sans l’assumer pleinement; hors une résistance violente n’est jamais couronnée de succès si elle n’est pas entièrement assumée.

Les acteurs politiques qui semblent soutenir une action violente découlant des manifestations se justifient en évoquant que le Président Macky Sall ne connaît que le rapport de force et qu’il n’y pas de justice dans le pays.

Donc, devraient-ils lui imposer un rapport de force ? Et comment selon eux ?

En suggérant et en ne disant pas clairement aux jeunes de trouver des façons de faire artisanales devant les forces de défense et de sécurité détentrices du maintien de l’ordre, en poussant les manifestants à faire usage de violence pour casser, brûler et voler les biens publics comme privés.

Espèrent-ils par là qu’un grand bordel s’installe avec des centaines voire milliers de morts et qui pousseront l’armée à se ranger de leur côté et renverser le Président et leur donner le pouvoir ?

Pardonnez-moi de le dire de cette manière mais leurs comportements son digne des caprices d’un enfant qui prend tous ses désirs pour une réalité.

Les révolutionnaires armés dans tous les pays du monde assument pleinement cette position jusqu’à la victoire, l’échec ou la constitution d’une rébellion officielle qui cherche à se perpétuer avec des alliances et soutiens même à l’étranger. Si c’est ce qu’ils veulent, qu’ils créaient des milices comme Ouattara et Guillaume Sorro l’avaient fait en Côte d’Ivoire. Le peuple jugera.

La réalité est qu’aucun leader de l’opposition n’ose se prononcer clairement en faveur d’une résistance violente, organisée voire armée, alors pourquoi en faire allusion et attaquer ce qui parle de stratégie pacifique?

En encourageant ou en se cachant derrière des activistes, chroniqueurs et pseudo journalistes ou média en ligne, qui prennent le soin d’inciter à la violence en indiquant les méthodes de guérilla avec des directives tel que : couper les autoroutes, cibler et attaquer les maisons des dignitaires du régime, attaquer les biens et installations publiques…).

Certains leaders se gardent bien de ne pas porter eux-mêmes ce genre de discours ni de le dénoncer, au contraire ils attaquent ceux qui appellent à la non-destruction des biens publics.

Au fond, nous savons bien qu’avec une telle attitude, personne n’aura ni la caution de l’armée, ni des chefs religieux encore moins de la communauté internationale. Il est connu que toute personne ou groupe dont il sera avéré qu’il finance ou organise des manifestants en leur donnant les moyens de leur violence, tombera sur le coup de la loi pour organisation d’une insurrection contre l’État.

Au-delà de l’organisation d’une vraie insurrection contre l’État, aucun leader n’ose mener clairement et sans ambage une campagne pour l’incitation à la violence et un appel non masqué à l’insurrection.

Donc soyons lucide et conséquent en étant d’accord sur le fait que nous devons écarter clairement l’option de la violence et réfléchir sur une lutte pacifique est efficace ou faire les guerriers avec des mots formulés vaguement en espérant que les populations fassent le reste à notre place.

À mon sens, cela ne saurait être très responsable d’agir ainsi.

Tous les leaders constatent et dénoncent verbalement l’utilisation de l’appareil répressif de l’État utilisé pour éliminer des opposants.

Tous les leaders soutiennent Sonko dans ce combat pour lui éviter le même sort que Khalifa et Karim mais aucun des leaders ne nous disent comment matérialiser ce soutien en dehors des posts sur Facebook, des conférences de presse et des discours de guerriers lors de rassemblements pacifiques ou même s’empresser de s’acharner contre quelqu’un en lui disant d’abord de dénoncer tout ce que Macky fait, soutenir l’opposition ou te taire. Dénoncer et soutenir avec des mots et la chose la plus simple mais cela est suffisant pour certains.

Pour le reste, ils espèrent que le peuple sera suffisamment mécontent pour faire le travail à leur place.

C’est là où se trouve le problème, beaucoup d’entre nous pensent avoir accompli leur devoir après avoir dénoncé avec véhémence l’injustice et les violations flagrantes du régime de Macky Sall en le dépeignant comme une vraie dictature mais quand il s’agit de solutions de ripostes, on n’entend pas autant de clarté dans les propositions. Juste des suggestions et slogans du genre “force restera au peuple.” Ceux qui pensent sincèrement que nous sommes en dictature et que le seul moyen de changer cela reste une lutte armée n’ont qu’à assumer cela sinon vous paralysé la lutte en empêchant à certains de parler de stratégie pacifique sans vous même assumer clairement une stratégie violente.

Je suis désolé de le dire, cette démarche ne saurait être une minutieuse stratégie et elle nous fera perdre notre temps et surtout, tend à parasiter la possibilité d’une discussion réelle et intelligente afin de trouver les formes de résistance pacifique. Il en existe énormément. Parlons-en.

Ameth DIALLO
Coordinateur national de Gox Yu Bees – ANTA (Alliance Nationale pour la Transparence et l’Abondance)

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