
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), dont le projet a été adopté le 21 mai 2018, est formellement entrée en vigueur le 30 mai 2019, après le dépôt de la 22éme ratification auprès de la Commission de l’Union africaine (UA).
Selon les objectifs du Traité d’Abuja de 1991, le processus d’intégration de l’Afrique devait être achevé par la création de la Communauté économique africaine à travers une approche séquentielle en six étapes de 34 ans. La ZLECAf vise la réduction des tarifs douaniers pour 90% des produits et la mise en place d’un marché libéralisé des biens et services entre les Etats membres de l’UA. Notre contribution s’articulera : sur les faiblesses des échanges en Afrique, ensuite nous traiterons de la ZLECAf a comme alternative aux échanges, enfin nous dégagerons les perspectives.
La faiblesse des échanges de l’Afrique au plan international et intra-africain.
Au niveau mondial, la représentativité commerciale du continent africain est relativement faible pour ne pas dire insignifiante. De façon globale, les pays africains contribuent seulement à hauteur de 3% des échanges commerciaux mondiaux. Alors que l’Union Européenne et les Etats Unis d’Amérique représentent respectivement 32% et 11% du commerce mondial des biens (Source : A. Wally Faye, Sénégal et Trade Map,2021).
S’agissant du commerce intra -africain, sa faiblesse est à souligner. En effet, la quasi-totalité des pays africains sont des économies de rente qui reposent exclusivement sur la production et l’exportation des matières premières brutes aux industries et aux multinationales étrangères. Une fois transformées dans leurs industries étrangères, ces matières premières sont revendues aux africains sous forme de produits manufacturés, assurant ainsi la pérennité des emplois et des profits des économies étrangères. Cela explique le déficit chronique de la balance commerciale des pays africains et leur forte dépendance aux importations en biens d’équipements. Face à cette situation, les pays africains se sont retrouvés dans l’urgence de renverser la donne, en trouvant une alternative à cette situation.
La ZLECAf, une alternative pour promouvoir les échanges intra-africains et l’intégration économique de l’Afrique
La ZLECAf peut être l’organisation continentale qui va renverser la tendance précédemment enregistrée. En effet, l’ambition de la ZLECAf est de donner aux entreprises africaines un marché de 1,2 milliards de consommateurs, pour un PIB de 2 500 milliards de dollars et créer des économies d’échelle sur le continent ; tout en consolidant les acquis des huit (8) communautés régionales (CR) retenues par l’Union Africaine, à savoir : UMA, CEN-SAD, COMESA, EAC, CEEAC, CDEAO, SADC et IGAD.
La ZLECAf a également pour ambition de renforcer la compétitivité des entreprises africaines en supprimant les droits de douanes sur 90% des produits intra-africains et toutes les entraves au commerce africain (manque d’infrastructures routières, ferroviaires, techniques et technologiques et des services …).
Enfin la ZLECAf ambitionne de propulser les produits « made in Africa » à travers les règles d’origine et de la propriété intellectuelle. La ZLECAf encourage aussi les entreprises africaines à faire preuve d’esprit d’innovation en s’appropriant les nouvelles techniques et technologies, dans la sphère de production. Il importe également de promouvoir dans les échanges les produits à forte valeur ajoutée.
Pour le succès de cette Zone de libre-échange africaine, il importe de proposer des réformes politiques importantes et des mesures idoines de facilitation des échanges. C’est sous ce rapport, que « la ZLECAf incite les pays africains à accroitre le commerce intra-africain, à travers l’harmonisation, la coordination de la libéralisation du commerce et la mise en œuvre des instruments de facilitation des échanges dans toute l’Afrique ».
Conclusion
Comme nous avons essayé de le montrer plus haut, la mise en œuvre effective de la ZLECAf offrira de nombreuses opportunités aux CÉR africaines, notamment en termes d’élargissement du marché, d’accélération du développement et d’amélioration du bien-être des populations. En contrepartie, l’UA pourra s’appuyer sur les acquis de ses CÉR pour asseoir son projet d’unification continentale. Il est vrai que le chemin est encore long pour atteindre les objectifs visés et beaucoup reste à faire, surtout au niveau de la réelle volonté des autorités dirigeantes, mais aussi des moyens à utiliser pour faciliter le processus en cours. Il reste, de surcroît, à tout faire pour réduire les écarts de niveaux de développement entre les pays membres. Toutefois, les gains attendus justifient les efforts nécessaires pour relever le défi et, l’union faisant la force, cela requiert une solidarité véritable.