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[Tribune] – Le développement de l’économie numérique en Afrique doit passer par l’investissement dans l’Intelligence artificielle (IA)

Par Adnane BEN HALIMA, Vice-Président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée de Huawei Northern Africa.

Engagée dans le développement de son économie numérique, l’Afrique doit tirer parti des nouvelles technologies pour s’affranchir des modèles industriels traditionnels et ainsi accroître sa croissance économique. Ces innovations technologiques telles que l’Intelligence artificielle (IA), le cloud, l’IoT (Internet des objets), la 5G ainsi que le Machine Learning (Apprentissage automatique) pourraient notamment venir en appui pour accélérer le déploiement du numérique sur le continent. Étant une technologie polyvalente et puissante, l’IA connaît un essor depuis quelques années, tant sur l’investissement que son utilisation à travers le monde. Or, l’émergence ainsi que le développement d’une IA « made in Africa » reste un challenge à relever pour l’ensemble des acteurs de l’économie numérique sur le continent.

L’IA, une technologie prometteuse 

Lors de l’édition 2022 du Mobile World Congress (MWC) à Barcelone, les entreprises tech et start-ups opérant dans de multiples secteurs ont manifesté un fort engouement pour l’IA, cette technologie permettant en effet d’augmenter l’efficacité et l’autonomie de leurs solutions et produits. L’IA semble en effet avoir un futur prometteur, puisqu’en 2022, 80% des entreprises dans le monde pourraient y avoir recours[1]. Théoriquement, l’IA peut se définir comme un ensemble d’innovations techniques et mathématiques permettant à des machines de stimuler l’intelligence humaine sur la base des calculs puissants. Le développement de cette technologie repose notamment sur la connectivité et l’infrastructure informatique. L’usage universel de l’IA pourrait être un vecteur important, tant pour la modernisation des industries que pour le développement du modèle économique de nos sociétés, celle-ci pouvant par exemple être utilisée dans les domaines de la conduite autonome, la télémédecine, l’usine 4.0, les robotiques, le divertissement immersif ou encore les solutions d’économie d’énergie.  La mise en œuvre de ces applications dépend notamment de la large bande passante, de la faible latence et d’une large couverture des réseaux 5G.

L’IA, une technologie moins exploitée en Afrique faute d’investissements

En Afrique, le déploiement de l’IA est un sujet stratégique pour la plupart des pays. Parmi les 32 pays africains ayant répondu à l’enquête de l’UNESCO menée en 2021 sur l’état des lieux du développement de l’IA sur le continent, 21 ont listé le développement et l’utilisation de l’IA parmi les priorités de leurs programmes de développement nationaux[2]. La Tunisie et le Maroc sont les deux pays qui recensent les initiatives les plus abouties à l’échelle du Maghreb. Quant à l’Algérie, une feuille de route nationale portant sur la période 2020-2030[3] prévoit de mettre l’accent sur la formation, la recherche fondamentale et appliquée et les impacts potentiels de l’IA sur la société et l’économie.

Cependant, malgré les initiatives susmentionnées, l’Afrique connaît depuis quelque temps un important déficit de chercheurs dans le domaine de l’IA, celui-ci étant principalement dû à un manque d’investissements. D’après une étude de l’OCDE menée en 2021, les start-up américaines et chinoises spécialisées dans ce secteur ont attiré ensemble environ 80% des investissements mondiaux de capital risque[4]. Si l’Union européenne a annoncé d’importants financements pour soutenir ce secteur porteur qu’est l’IA, l’Afrique fait face, quant à elle, à un déficit de moyens financiers.

L’investissement humain et financier, au cœur de la stratégie de développement d’une IA africaine

Selon une étude du Centre africain d’études technologiques (ACTS), près de 5 000 doctorants dans les domaines de l’IA et de l’apprentissage automatique devront être formés au cours des cinq prochaines années[5]. L’investissement dans la formation se situe ainsi au cœur des enjeux du développement de l’IA sur le continent. Pour pallier ce déficit de talents numériques, le groupe Huawei a notamment lancé en 2008 le programme mondial « Seeds for the Future », avec pour objectif d’identifier et de développer les compétences en TIC des talents locaux, principalement dans le domaine des nouvelles technologies. En 2021, dans le cadre de ce programme, une équipe libyenne a ainsi remporté le 3ème prix du concours Tech4Good, grâce à une solution innovante faisant appel à l’IA, qui permet de réduire le taux de naissances prématurées. Nous pensons également chez Huawei, qu’il est primordial d’envisager et de renforcer les projets de coopérations interministérielles, ceci afin de créer des infrastructures adéquates dans les universités et les écoles spécialisées.

Outre l’investissement dans le capital humain, le développement de l’IA doit également reposer sur un investissement financier, notamment grâce à des partenariats publics-privés. Ces derniers permettraient par exemple de créer de nouvelles synergies, en promouvant de nouveaux programmes de recherches, tout en sensibilisant l’enseignement supérieur aux questions de l’intelligence artificielle.

Davantage de soutien doit également être apporté à l’écosystème africain des start-ups afin de stimuler l’innovation tout en élargissant les capacités en R&D. Chez Huawei, nous avons pour vision et objectif de donner à voir le plein potentiel de l’Afrique. L’IA intervient au cœur de cette ambition puisque nous souhaitons ardemment rendre les capacités de l’IA aussi accessibles qu’omniprésentes sur le continent. Chaque année, notre Groupe investit plus de 10% de ses revenus dans la R&D, en particulier dans la recherche fondamentale pour investir continuellement dans l’innovation technologique et faire évoluer les différentes industries[6].

Enfin, afin que les potentialités du développement de l’IA puissent pleinement émerger, il est nécessaire de mettre en place des cadres juridiques et réglementaires clairs et adéquats afin de réguler correctement la gouvernance de cette technologie en Afrique.

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