
Depuis le début des années 1990, l’accélération de la mondialisation, s’est accompagnée d’une forte émigration depuis l’Afrique vers les pays développés d’Europe et d’Amérique. La diaspora africaine a plus que doublé, passant de 5,2 millions en 1990 à 13,6 millions en 2019 et la diaspora africaine qualifiée vivant dans les pays développés de l’OCDE est passée de 1,3 million de personnes en 1990 à 5,2 millions en 2010.
La diaspora africaine en Europe et en Amérique du Nord représente une faible part de la population totale de l’Afrique (1,05 % en 2019 contre 0,83 % en 1990) et 34,3 % de la diaspora totale des pays africains.
Les transferts de fonds de la diaspora pour l’Afrique ont considérablement augmenté depuis 1990 et ont dépassé les flux d’aide publique au développement (APD) depuis la crise financière de 2007.
Selon les données de la Banque mondiale, les flux financiers de la diaspora comptent pour 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique en 2019 alors que l’APD ne représente que 2,2 % du PIB.
Au cours des 40 dernières années, ces flux financiers ont été 45 % moins volatils que l’APD. La diaspora apparaît donc comme une source de financement importante et potentiellement plus sûre pour les pays africains.
Selon la Banque mondiale, les transferts d’argent vers les pays à faible revenu devraient s’élever à 445 milliards de dollars US pour 2020, ce qui demeure important, malgré une baisse anticipée de près de 20 % due à la crise sanitaire. En 2019, le montant des transferts se serait élevé à 554 milliards de dollars US, dont près de 90 milliards à destination de l’Afrique.
Ces envois d’argent, opérés par 200 millions de personnes, bénéficient à près d’un milliard d’individus dans le monde. Ces transferts constituent un moyen de financement essentiel pour les pays en voie de développement, d’autant plus que les autres sources de financement devraient connaître un repli significatif.
L’impact des transferts d’argent de la diaspora africaine appelle à bâtir un nouveau cadre financier où la bi-bancarisation a toute sa place.
La bi-bancarisation, c’est-à-dire le processus permettant à un immigré d’avoir accès à des services bancaires tant dans son pays d’accueil que dans son pays d’origine, pourrait être une solution de réduction du coût des transferts, pour autant que les banques jouent le jeu et en aient les moyens.