
Le continent africain ne peut sortir de sa marginalisation économique sans une politique d’industrialisation massive, qui lui serait profitable à plusieurs titres. Tout d’abord, la diversification des activités permettrait de consolider les économies sous régionales, qui demeurent vulnérables à la volatilité des cours des matières premières. Par ailleurs, la faible capacité productive prive le continent des effets d’entraînement associés au développement industriel, comme, entre autres, la création d’emplois et d’entreprises, l’attraction des investissements étrangers, la transformation du secteur informel, la diffusion des technologies et l’augmentation des exportations.
L’absence d’industrie entraîne un important manque à gagner, comme l’illustre remarquablement l’exemple du cacao : l’Afrique de l’Ouest produit et exporte 65 % des graines de cacao dans le monde. Mais parce qu’elle ne les transforme pas, elle ne bénéficie que de 3,5% à 6% du prix final d’une tablette de chocolat.
Pour inverser la tendance, nous devrons travailler dans une approche de suppression des obstacles qui entravent l’industrialisation du continent et découragent l’investissement industriel local et international : faiblesse du transport et de la logistique, obsolescence des équipements, pénuries énergétiques, inadaptation de la main d’œuvre aux métiers de l’industrie, manque d’accès au capital et climat des affaires insatisfaisant, entre autres.
Le commerce interafricain représente seulement 11% du commerce total en Afrique, comparativement, le commerce inter-asiatique représente 52% et en Europe 82%. C’est dans la consolidation des organisations régionales qui doivent être traitées comme des instruments de facilitation de l’intégration des pays d’Afrique dans l’économie mondiale que se trouvent les débuts de solution au traumatisme économique du continent.
Les politiques doivent s’articuler dans une logique de bâtir un espace productif et un des marchés à dimension régionale à travers des approches communes de convergence normative, de libre-circulation des personnes et des biens et d’intégration financière et de formation du capital humain. Ces politiques ne doivent pas être des vœux pieux mais conçues de manière à positionner stratégiquement le continent sur la scène industrielle globale, où les opportunités sont nombreuses, mais avec des déterminants de la compétitivité de plus en plus complexes.
La zone de libre échange continentale africaine effet de manche ou signe de protestation ? Échanger quoi & comment ? Quand vous représentez moins de 5% du commerce international, quand vous aviez le même niveau de développement que l’Asie du Sud Est dans les années 70 et que 50 ans après, vous êtes encore plus pauvre…, la seule attitude qui vaille serait de se poser les bonnes questions, trouver les bonnes réponses.