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« PANDORA PAPERS » : que retenir de ce nouveau scandale financier qui secoue le monde ?

Jérémy Bruno avec AFP

Un nouveau scandale d’évasion fiscale concerne des dirigeants politiques du monde entier, des milliardaires et des célébrités qui auraient dissimulé des avoirs dans des paradis fiscaux.

Après les « Panama Papers », les « Pandora Papers ». Selon une vaste enquête journalistique, qui s’est appuyée sur la fuite de millions de documents, des dirigeants politiques, des milliardaires et des célébrités auraient dissimulé des avoirs et des transactions dans des paradis fiscaux.

• Qu’est-ce que les « Pandora Papers »?

C’est le nom donné à une vaste enquête publiée dimanche par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes. Baptisée en référence à la légende de la boîte de Pandore, elle s’appuie sur près de 12 millions de documents issus de 14 sociétés de services financiers installés dans des paradis fiscaux comme le Belize, les îles Vierges britanniques, Chypre ou le Panama. L’ICIJ, qui ne précise pas comment il s’est procuré ces documents, assure avoir mis au jour plus de 29.000 sociétés offshores.

• Qu’est-ce qui est reproché?

Selon l’enquête de l’ICIJ, ces documents ont révélé que des responsables politiques, des milliardaires et des célébrités ont eu recours aux services de sociétés basées dans des paradis fiscaux pour dissimuler des avoirs et des transactions, notamment à des fins d’évasion fiscale. Le directeur de l’ICIJ, Gerard Ryle, a évoqué des « milliers de milliards de dollars » d’argent caché dans ces comptes offshore.

Une grande partie des transactions révélées dans les « Pandora Papers » ne sont néanmoins pas illégales, et ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites judiciaires dans la plupart des pays. Pour l’ICIJ, l’objectif est de mettre en lumière le décalage entre le discours pro-transparence et anti-corruption de certains leaders politiques et leurs placements dans les paradis fiscaux.

• Qui est impliqué?

Les noms d’une trentaine de dirigeants actuels ou passés, de plus de 300 responsables politiques du monde entier, ainsi que de célébrités ou de criminels, sont cités. On y trouve 600 Français, parmi lesquels Dominique Strauss-Kahn: l’ancien ministre français et ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) aurait fait transiter plusieurs millions de dollars d’honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d’impôts.

« Un conspirationniste » français « d’extrême droite » aurait également recouru à une société aux Seychelles « pour vendre livres et pilules miracles », selon Le Monde.

Au premier plan, les « Pandora Papers » ciblent le roi Abdallah de Jordanie, qui aurait acquis 14 propriétés luxueuses aux Etats-Unis et au Royaume-Uni grâce à un réseau de sociétés situées dans des paradis fiscaux, mais aussi le Premier ministre et milliardaire tchèque Andrej Babis. Le dirigeant, qui affronte des élections législatives les 8 et 9 octobre, aurait placé 22 millions de dollars dans des sociétés-écrans qui ont servi à financer l’achat du château Bigaud, dans le sud de la France.

L’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, le président kenyan Uhuru Kenyatta, le président équatorien Guillermo Lasso, le président chypriote Nicos Anastasiades, le président congolais Denis Sassou Nguesso, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre ivoirien Patrick Achi, le premier ministre libanais Najib Mikati et des proches du président russe Vladimir Poutine ont été épinglés. La chanteuse Shakira et la mannequin allemande Claudia Schiffer seraient aussi concernées.

• Comment réagissent les personnes mises en cause?

La Jordanie a dénoncé comme « déformées » les informations sur le roi Abdallah II, estimant qu’elles constituaient une « menace pour la sécurité du monarque ». Le Kremlin, de son côté, a évoqué des « révélations infondées ».

Le Premier ministre tchèque a assuré ne rien avoir commis d’illégal et a dénoncé une manœuvre destinée à le « dénigrer » avant les élections législatives, tandis que le président équatorien a répondu que tous ses investissements avaient été faits « dans le cadre de loi ».

Par ailleurs, les agents de Shakira et de Claudia Schiffer ont affirmé qu’il ne s’agissait pas d’évasion fiscale.

• Qu’est-ce que l’ICIJ, à l’origine de ces révélations?

L’ICIJ, de l’anglais International Consortium of Investigative Journalists, regroupe des journalistes d’investigation dans une centaine de pays et territoires, ainsi que quelque 100 médias partenaires – en France, on y compte Le Monde, la société de production Premières Lignes (productrice de l’émission Cash Investigation sur France 2) et la cellule investigation de Radio France. Le réseau, créé en 1997 et devenu une entité indépendante en 2017, est basé dans la capitale américaine Washington DC.

L’ICIJ a été à l’origine de plusieurs scandales financiers ces dernières années, notamment les « Offshore Leaks » (2013), les « LuxLeaks » (2014), les « Swiss Leaks » (2015) ou les « Paradise Papers » (2017), qui avait déjà révélé les noms d’entreprises, de dirigeants ou des personnalités ayant recours à des montages financiers opaques. La publication des « Panama Papers », en 2016, avait provoqué une onde de choc mondiale, entraînant notamment la démission du Premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson puis du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.

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