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[Tribune] Le Portugal dans la Pampa

Vítor Sereno - Ambassadeur du Portugal au Sénégal

Le quartier cosmopolite de Belgrano, à quelques mètres du Rio de Prata et de la côte ensoleillée de Buenos Aires, est un refuge régulier pour ceux qui vivent dans l’immense métropole. Cafés du coin, épiceries, cinémas, magasins et boutiques – ici, les Porteños viennent de divers quartiers de la ville. Beaucoup les après-midi de week-end, ils traversent souvent une place spéciale avec un nom et une tradition pour notre communauté en Argentine. Chaque année, le 10 juin, la Journée du Portugal, de Camões et des Communautés portugaises est célébrée sur la Plaza de Portugal.

Des dizaines de milliers de descendants portugais et portugais vivent dans le pays, la majorité à Buenos Aires. Cependant, ce n’est qu’en accordant une attention particulière à leur géographie que l’on comprend la véritable position de ces communautés d’outre-mer, qui comprend l’une des plus méridionales et dévouées au monde. Au nord, l’Associação Portuguesa de Oberá, dans la province de Misiones, touche presque le Brésil et borde le Paraguay sur le fleuve Paraná ; à l’extrême sud, la communauté de Comodoro Rivadavia ressent le froid de la Patagonie et les échos séculaires du voyage d’un autre illustre portugais, Fernão de Magalhães, qui a exploré cette côte en 1520.

En Europe, la distance entre ces deux communautés serait l’équivalent du trajet entre Lisbonne et Berlin !

Malgré ces limites territoriales, l’associativisme portugais en Argentine a une histoire ancienne à laquelle j’étais fier de participer. Comme toute notre diaspora, ils se sont vite réunis dans une célébration des coutumes, des sentiments et de la solidarité, qui ont toujours transcendé leur propre nationalité. L’Association portugaise de Salliqueló, la plus ancienne, a été fondée en 1916, celle de Buenos Aires en 1918 et celle de Comodoro Rivadavia en 1923.

Il existe aujourd’hui plus de vingt associations et clubs portugais en Argentine. Si loin de leur patrie et de la capitale nationale elle-même, les Portugais de Comodoro Rivadavia attisent toujours la flamme lusitanienne à côté de la Terre de Feu. J’évoque ici la mémoire collective de ces descendants de l’Algarve, feu Salão Luso, le consul José Maria Amado, le ranch folklorique et ethnographique, l’action sociale (fondamentale) pour les plus nécessiteux.

Pour moi, parler du Portugal en Argentine, c’est aussi rappeler la mémoire de notre ancien Conseiller pour les Communautés, António Canas Antunes. Beirão de gema, émigré de bonne heure dans la Pampa, s’est battu comme personne pour l’affirmation des droits des descendants portugais dans le pays. Disparu tôt, je m’en souviens avec une grande tendresse. A lui et à tous nos compatriotes qui luttent, peinent quotidiennement et nous rendent fiers d’avoir été les premiers à reconnaître l’Argentine comme pays souverain le 16 avril 1821.

PS – Le Club Portugués Del Gran Buenos Aires célèbre ce mois-ci 43 ans d’histoire, avec le lancement d’un livre consacré à quatre décennies de service à la Communauté. Mes félicitations.

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