
Le renforcement des écosystèmes numériques africains est une condition sine qua none de la relance des économies locales, bouleversées par la crise de la Covid-19. Pour ce faire, une accélération de la transformation digitale ainsi qu’une dynamisation des passerelles entre grands groupes, PME et jeunes pousses sont de mise.
Il s’agit désormais d’un lieu commun, admis et porté par tous : les États africains doivent mener des politiques en faveur de la révolution numérique, déjà en cours sur le continent. Pour encourager ces dynamiques, les décideurs publics doivent commencer par renforcer le maillage des infrastructures, dont la vétusté ou la carence peuvent constituer un frein réel au développement. A titre d’exemple, des chiffres inquiétants : seuls 40 % des Africains ont accès à internet, contre 87 % en Europe et 95 % en Amérique du Nord.
Un retard réel, pour un déficit infrastructurel qui nécessiterait 130 à 170 milliards de dollars par an pour être comblé, selon la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement. Néanmoins, le renforcement de ces infrastructures permettrait l’éclosion d’un environnement de confiance, attractif pour les investissements étrangers provenant d’’entreprises de grande taille – conséquemment raréfiés depuis le début de la pandémie de la Covid-19.
Cet environnement de confiance pourrait contribuer à créer des passerelles entre grands groupes, PME et jeunes pousses locales. La Tunisie constitue en la matière un cas d’école : plus de 8.000 ingénieurs en TIC sont formés chaque année dans ce pays. Une main-d’œuvre très qualifiée, qui dispose non seulement de qualités techniques mais aussi d’une forte capacité d’adaptation, qui en fait un vivier d’entrepreneurs potentiels. Si pour que ces ingénieurs trouvent un emploi, il est important que l’État renforce le processus de digitalisation grâce à des investissements, les grands groupes privés ont eux aussi une carte à jouer.
C’est en ce sens qu’investir dans des Openlabs permettent aux talents d’échanger et surtout d’exercer, en impulsant des projets d’entreprises. Il ne s’agit pas là de charité, mais d’investissements prometteurs : les grandes entreprises implantées en Afrique ont tout intérêt à soutenir les start-ups/entrepreneurs à fort potentiel, porteuses d’idées nouvelles, de concepts disruptifs, de nouvelles manières de travailler, et susceptibles de stimuler les économies locales. En outre, une confiance réciproque s’installe entre les organisations de grande taille et les jeunes pousses par ce biais, nécessaire pour créer main dans la main le monde numérique de demain.
Enfin, tous les talents formés grâce au soutien des états et des entreprises engagées alimentent le réservoir de ressources humaines à haut potentiel, utile aux startups, aux PME, et à l’ensemble des écosystèmes numériques d’Afrique. De plus, au-delà de la proximité entre start-ups et grands groupes, un rapprochement entre les jeunes pousses et les PME peut aussi contribuer à dynamiser les économies du continent.
En effet, des synergies gagneraient encore à être cultivées : les start-up pourraient apporter une touche – supplémentaire – de modernité et d’innovation aux PME du continent, qui concentrent à elles seules plus de 80% de l’emploi formel en Afrique. Les jeunes entreprises pourraient en retour s’inspirer de la stabilité des PME, de la solidité de leur ancrage local, et de leur croissance rapide. Un vivier dynamique, soutenu par de grandes entreprises qui font le pari de l’avenir et de la jeunesse issue du continent africain.